Les techniques d’exposition font partie des outils utilisés en thérapie cognitivo-comportementale (TCC), en particulier pour la prise en charge des problématiques anxieuses. Ces techniques sont issues des travaux en psychologie expérimentale sur le conditionnement. Les études portant sur l’acquisition et l’extinction de la peur révèlent que la fuite face à l’objet redouté va dans un premier temps diminuer le niveau d’anxiété, mais va renforcer la peur et les comportements d’évitement sur le long terme, ce qui conduira au maintien et à l’aggravation des symptômes phobiques. L’exposition vise à contrer ce cercle vicieux, en dissociant le stimulus phobogène de la réaction anxieuse.
Les différentes formes d’exposition
L’exposition in vivo consiste à amener le sujet à entrer en contact direct avec le stimulus phobogène. Les expositions sont réalisées de façon progressive, allant de la situation la moins anxiogène à celle considérée comme habituellement « insoutenable » par le sujet (exposition dite progressive). L’objectif est ainsi d’amener à une habituation puis à une extinction de la réaction phobique, ce qui permettra au sujet de dissocier la situation redoutée des réactions de peur et d’anxiété. Les études portant sur l’exposition in vivo dans le traitement de la phobie de type animal, la phobie des hauteurs, et la claustrophobie ont confirmé le maintien des bénéfices thérapeutiques au delà d’un an (Choy et al., 2007).
L’exposition en imagination vise à amener le patient à s’imaginer face au stimulus phobogène (à travers une visualisation active de l’objet ou de la situation). Cependant, les études sur le sujet restent peu nombreuses et fragiles sur le plan méthodologique : absence de groupe contrôle, échantillon de faible taille, etc. (Choy et al., 2007). L’exposition en imagination reste néanmoins un outil indispensable dans les protocoles d’exposition progressive, celle-ci pouvant servir de première étape avant la conduite d’expositions in vivo.
La désensibilisation systématique, développée par Wolpe (1973), est basée sur la théorie de l’inhibition réciproque, selon laquelle un sujet ne peut être anxieux et relaxé au même moment. Ainsi, si cette approche consiste à exposer en imagination le sujet au stimulus phobogène comme dans l’exposition en imagination, une large part de la prise en charge est dédiée à l’apprentissage de la relaxation musculaire-progressive afin de contrer l’anxiété (Wolpe, 1973).
L’exposition en réalité virtuelle consiste à générer, à l’aide d’un programme informatique, un environnement virtuel afin de simuler une confrontation à l’objet ou à la situation phobique. Afin d’immerger le sujet dans l’exercice d’exposition, celui-ci peut être équipé d’écouteurs, de lunettes-vidéo, de capteurs afin de tenir compte des mouvements, et éventuellement d’un siège dynamique et de manettes de contrôle. L’exposition en réalité virtuelle s’est révélée efficace dans le traitement de l’arachnophobie, de la claustrophobie, de l’aérophobie, et de la phobie des hauteurs (Powers & Emmelkamp, 2008).
L’exposition intéroceptive, contrairement aux autres formes d’exposition évoquées jusqu’ici, ne consiste pas à confronter le sujet à un stimulus externe, mais plutôt aux sensations physiques provoquées par ce stimulus (tremblements, vertiges, etc.). Bien qu’étant habituellement étudiée dans le traitement du trouble panique, cette forme d’exposition a fait l’objet d’une étude dans le traitement de la claustrophobie. Booth et Rachman (1992) ont en effet pu montrer que l’exposition intéroceptive était efficace dans la réduction de l’anxiété, des distorsions cognitives, et des sensations physiques provoquées par le stimulus.
Conclusion
Les résultats des récentes revues de la littérature et méta-analyses ont pu confirmer l’efficacité des différentes formes d’exposition dans le traitement des phobies spécifiques, en particulier de l’exposition in vivo et de l’exposition en réalité virtuelle. Concernant l’exposition en imagination et la désensibilisation systématique, les études restent peu nombreuses, méthodologiquement fragiles, et les résultats obtenus relativement mitigés (Choy et al., 2007). Ces deux approches restent néanmoins largement utilisées en raison de la souplesse qu’elles donnent aux thérapeutes ne souhaitant pas imposer d’emblée des séances d’exposition in vivo.
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