La dyade mère-enfant
Les neuf mois de grossesse ont crée, entre la mère et l’enfant, une relation singulière, tant sur le plan physique que psychologique : une vie à deux, ou, plutôt, deux vie en une, dans des mouvements d’échanges permanents. Au cours de la vie intra-utérine la mère nourrit, la mère oxygène, la mère réchauffe, la mère assouvi les besoins vitaux de l’enfant.
Au cours des neuf mois de grossesse se créent et se développent les premiers éléments de la psychologie de la dyade mère-enfant, structuration psychologique dans laquelle la mère tient un rôle majeur de protection pour l’enfant. Dans le ventre de la mère, et dans une tendre et totale dépendance, l’enfant a donc dans une sorte d’abri protégé.
A la naissance, l’enfant est propulsé par des phénomènes physiologiques indépendants d’une quelconque volonté (de la mère ou de l’enfant), dans une épreuve de séparation.
L’avis et le conseil du psychologue
La sortie du ventre de la mère, suivie de la rupture du cordon ombilical, représentent dans le champs de la psychologie de l’enfant la première véritable épreuve de séparation.
Cette épreuve marquera la vie de l’enfant. C’est elle qui le mettra en contact avec sa première angoisse (on parle plutôt de précurseur d’angoisse que d’angoisse car à ce stade de développement psychologique de l’enfant, l’angoisse issue du traumatisme de naissance ne renferme pas entièrement les caractéristiques des angoisses connues chez l’adulte) de séparation, mais c’est aussi elle qui lui donnera son autonomie et sa liberté de vivre.
Dans son futur, l’enfant rencontrera d’autres situations sources d’angoisses de séparation, toutes nécessiteront de sa part une adaptation au changement, une adaptation à un nouveau contexte et toutes le conduiront, de façon induite, vers des maturations psychologiques.
Le premier regard que pose la mère ou le premier humain (le père, la sage femme, l’obstétricien…) sur l’enfant est alors une pierre angulaire fondatrice du développement psychologique de l’enfant, le regard qui accueil, le regard qui rassure, qui enveloppe mais pas trop, le regard serein.
L’enfant vit une épreuve, et c’est à l’adulte de l’accompagner, de lui permettre de dépasser cette » angoisse » de séparation et de s’abandonner à sa nouvelle vie, c’est à l’adulte de lui servir de point d’appui dans cette étape de lâcher prise.
Là encore, dans son futur, l’enfant rencontrera d’autres épreuves de lâcher prise et pour chacune d’entre elle il ne s’abandonnera partiellement que si le contexte est suffisamment rassurant.
Le regard accompagnant de l’autre permet, tout au long de notre vie, d’apaiser et de renforcer l’image positive de soi et nous conduit à franchir les épreuves et parfois à dépasser les limites que nous nous sommes posées.
Une douce indispensable et entière dépendance
Lors des neufs mois de grossesse l’enfant vit dans un état de dépendance. Comme nommé ci-dessus, cette dépendance peut être considérée comme plutôt douce car elle n’induit pas de contrainte en retour, la mère répond aux besoins de l’enfant.
Malgré les attentes de la mère quant aux satisfactions attendues dans sa vie future avec l’enfant en construction, nous nous approchons dans cette relation d’un point culminant du principe du don de soi, et nous place à la rencontre de la Loi du Don .
Au fil des jours qui suivront sa venue au monde, la relation de dépendance mère (ou mère de substitution)-enfant s ‘étayera pour conduire l’enfant sur la voie d’une indépendance relative (toute notre vie nous gravitons dans un univers social qui induit des relations de co-dépendance avec les autres).
Les premiers mois de la naissance maintiennent l’enfant dans une relation de dépendance à la mère (ou mère de substitution).
La maman porte les soins et continue de répondre aux besoins vitaux de l’enfant. Outre ses actes techniques la maman, à travers ses paroles, sa voix, ses corps à corps avec son enfant, ses gestes, donne à l’enfant les moyens de sentir, de prendre sa vie et l’accompagne dans son développement psychique.
La relation de dépendance originelle est donc une dépendance indispensable à la construction de l’Homme.
Comme toute dépendance, celle vécue par l’enfant au cours des trois premiers mois de la vie, comporte des signes psycho-comportementaux de tensions (pleurs, cris) et ont, pour origine, un déséquilibre intérieur : l’enfant a faim, l’enfant a soif. Il s’agit d’état de déséquilibre plutôt que d’état de manque, l’état de manque se connaît à un âge bien plus avancé de la construction psychologique de l’enfant et fait parti du processus d’angoisse non des précurseurs de l’angoisse comme le vit le nouveau né.
Ainsi, les neuf mois de grossesse et les premiers mois de la vie constituent un moment hautement privilégié de la relation mère (ou mère de substitution)-enfant et une pièce majeure du développement psychique de l’enfant.
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