C’est S. FREUD qui, le premier, en 1910, emprunte ce mythe à l’antiquité grecque pour révéler l’existence d’une sexualité enfantine
et désigner le phénomène psychique et hormonal qui touche tous les enfants entre 2 et 6 ans dans sa relation avec ses parents.
Il est tiré d’une tragédie de SOPHOCLE. Œdipe est un bébé abandonné à la naissance par ses parents. L’Oracle leur a en effet prédit que cet enfant ne leur apporterait que du malheur : « Il tuera son père et épousera sa mère ». Devenu adulte, Œdipe se décide à quitter sa famille d’adoption. En route, il se prend de querelle avec un homme (Laïos) et le tue. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il s’agit de son père. Puis il est amené à épouser la femme de cet homme (Jocaste), sans savoir qu’il s’agit de sa mère. Lorsque Œdipe découvre ce qu’il a fait, il se crève les yeux
Au regard de la psychologie, une tragédie qui illustre bien la part d’involontaire et d’inconscient présente dans chacune de nos actions.
L’avis du psychologue
Complexe d’Œdipe de 3 et 5 ans
Le début du complexe d’Œdipe se situe chez l’enfant entre 3 et 5 ans (quoique cette période semble fluctuer et être de plus en plus précoce).
La fillette aime et veut épouser son père, et inversement le garçon éprouve la même chose à l’égard de sa mère.
Pour sortir de ce complexe les parents devront édicter l’interdit de l’inceste et ainsi permettre à leurs enfants de se tourner vers d’autres « objets » d’amour, en dehors de la famille.
Tous les enfants vivent de façon plus ou moins prononcé ce complexe d’Œdipe qui n’a rien en matière de psychologie de l’enfant de pathologique et qui, bien au contraire, participe a son développement psycho-affectif.
En même temps que l’enfant est attiré par le parent du sexe opposé, il va ressentir pour le parent du même sexe de l’hostilité voire de la jalousie. L’autre parent étant perçu comme un rival et celui qui empêche la réalisation du fantasme de l’enfant.
L’Œdipe est plus difficilement vécu par les filles car la mère étant le premier objet d’amour de tout enfant, y renoncer définitivement pour les petites filles va générer beaucoup de culpabilité. Ceci va présager des relations complexes mère-fille alliant à la fois amour et haine, tendresse et agressivité de façon très ambivalente.
L’enfant sort de l’Œdipe vers 6 ans, au moment de l’entrée à l’école primaire.
Les acquisitions scolaires (lecture, écriture..) vont permettre à l’enfant de se détourner de son amour en sublimant (c’est à dire en investissant d’autres objets d’amour moins dangereux pour lui, le danger venant du fait de perdre l’amour d’un des deux parents) et en trouvant d’autres centres d’intérêts, permettant alors de gérer ses émotions. On voit bien comment un tiers (que ce soit un autre centre d’intérêt ou une autre personne) permet de mettre à distance des affects trop envahissants. L’enfant, plutôt que d’affronter le parent empêchant la réalisation de son fantasme, va chercher à s’identifier à lui, pour tenter de lui ressembler et s’approprier ses qualités intrinsèques.
Dans le champs de la psychologie de le complexe est une expérience essentielle dans son développement psychologique car l’enfant va apprendre une chose essentielle : ses désirs ne peuvent pas se manifester ouvertement, ni se réaliser pleinement.
L’enfant va devoir composer avec des moments insatisfaisants et d’autres satisfaisants, des réalisations et des frustrations, des plaisirs et des déplaisirs. Bien sûr, il en a déjà fait l’expérience tout bébé en comprenant qu’il n’est pas possible de téter aussi longtemps ni aussi souvent qu’il le veut.
Mais c’est dans l’Œdipe que l’enfant aura la compréhension la plus claire et la plus évidente des limites à son désir.
L’Œdipe a un rôle prédominant dans les prémisses de la future sexualité de l’enfant. Grâce au complexe d’Œdipe, le petit garçon sait pour la première fois ce que c’est que de se sentir garçon, tandis que la petite fille fait l’expérience de la féminité et de la séduction. Ce sont les balbutiements de l’identité sexuelle. L’enfant se reconnaît fille ou garçon, différent de l’autre sexe. Mais c’est seulement à l’adolescence que vont apparaître les premiers éléments concernant l’orientation de sa sexualité.
Les conséquences psychologiques de l’œdipe dans le développement de l’enfant
La résolution du conflit œdipien aura alors plusieurs conséquences dans le développement psychologique de l’enfant. Il va ainsi passer d’une relation duelle (mère-enfant) à une relation triangulaire (qui est la relation adulte « génitale » par excellence). L’interdit de l’inceste et du parricide (meurtre du père) va faire entrer l’enfant dans un système de culture où il sera soumis à la loi commune sociale, loi d’échange et d’interdiction. Il aura accès à la différence des sexes grâce à l’identification au parent du même que lui. L’identification se fait sur les plans morphologiques et psychique. Il reconnaît par la même occasion l’autre comme différent.
L’intériorisation des interdits et exigences parentales et sociales, censeur du futur adulte va donner naissance au Surmoi (instance d’une partie de sa personnalité qui va assumer interdits et identification). Une fois formé, ce Surmoi remplacera les parents dans la vie sociale. L’enfant gardera en lui un modèle idéalisé auquel il cherchera à se conformer, résultat de l’identification aux parents idéalisés. C’est une instance très narcissique, substitut de la toute-puissance de l’enfant. Le Moi va se comparer à un idéal, permettant à l’enfant et au futur adulte de se surpasser ( de « je peux tout » à « je voudrais tout pouvoir »).
Un œdipe mal résolu,
C’est lorsque l’enfant reste avec l’idée que son désir est fautif. L’enfant en conçoit de la culpabilité et éprouve un sentiment de rage contre ses parents, qui risque, ensuite, de se transformer en rage envers tous les adultes – surtout ceux qui sont « importants », qui ont du pouvoir sur lui. D’où la nécessité d’adopter tout de suite les bonnes attitudes face aux comportements parfois déroutants de son enfant, même si parfois son attitude peut être vécue comme valorisante pour des adultes en mal d’amour.
Le conseil du psychologue
Le positionnement des parents va donc être primordial pour aider leur enfant à gérer et sortir de ce complexe. Le rôle des parents va être d’entendre et recevoir cet élan d’amour de leur enfant mais de le confronter à des lois et des règles auxquelles tout individu est soumis, à savoir l’interdit de l’inceste, le respect de la différence générationnelle ( ce qui permet d’établir et bien spécifier à son enfant l’ordre des générations), l’obligation de choisir un partenaire amoureux en dehors de la sphère familiale, la chasse gardée du père et de la mère (ne pas laisser l’enfant dans l’illusion qu’il va pouvoir rivaliser avec le conjoint du même sexe : « non, ce n’est pas possible, je vis avec maman/papa et toi aussi, plus tard, tu auras un(e) amoureux(se). » ). Au sein des couples, il n’y a pas toujours un papa ou une maman présent physiquement. Cela n’empêchera pas l’enfant d’être en proie au complexe d’œdipe qui est un passage structurant de son identité. Le complexe va alors se déplacer sur un autre partenaire œdipien proche de l’enfant (une nounou, la jeune fille au pair, une voisine, un oncle, un parrain…). La gestion de ce complexe par les adultes devra être gérer de la même manière en édictant les mêmes règles à l’enfant.
L’homme (le père) va devoir énoncer et représenter « la Loi du Père » : Le père sera ici le médiateur. Il interviendra comme « privateur », séparant l’enfant de la mère : un tiers séparateur. Il interdit à l’enfant de fusionner avec la mère (« tu ne coucheras pas avec ta mère! » C’est l’interdit de l’inceste) et retient la mère de s’approprier son enfant. Cet interdit s’appelle : la Loi du Père. Pour que ceci s’effectue, il faut que la fonction du Père soit reconnue par la mère, puis par l’enfant. La place de séparateur doit donc exister déjà dans l’esprit de la mère. Le père pourra être tyrannique, soumis, volage ou fidèle, il faudra néanmoins que la mère le reconnaisse comme séparateur (et non comme géniteur). Cette fonction Paternelle doit exister dans l’esprit de la mère dés le début. L’enfant lui, ne la découvrira qu’au moment de l’œdipe
Par l’énoncé de cet l’interdit, l’enfant entre dans la culture. L’enfant devient sociétaire. L’enfant s’insère dans une structure familiale. Il ne peut y avoir coïncidence entre les liens d’alliance et de parenté. Cette loi de limitation préserve la famille, assure les générations contre la compétition continuelle et oblige l’individu à aller chercher ailleurs ses relations. Dans le champs de la psychologie de l’enfant, l’enfant vit, au moment de l’œdipe, une puberté psychologique fondamentale pour la conservation de l’ordre culturel. L’enfant passe d’une histoire individuelle à une histoire collective, car il connaît sa juste position dans la société, ses droits et ses limites.
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