Va-t-il si mal que ça ? je n’ai rien remarqué de particulier.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, en faisant le ménage ce matin dans la chambre de mon aîné, une espèce de boulette marron.
Je ne suis pas née de la dernière pluie, moi aussi j’ai été jeune! Mais pourquoi mon enfant me fait-il ça à moi? Sa mère! Alors que j’ai l’impression qu’hier encore je lui changeais ses couches, aujourd’hui j’apprends qu’il se drogue! Ne pas m’énerver, ni paniquer! Réfléchir.
Je sais que je n’aurais jamais dû rentrer dans sa chambre. A 16 ans, il doit être à même de nettoyer son espace.
Je sais qu’à cet âge, je n’ai plus à rentrer dans sa chambre sans son autorisation.
J’ai violé son intimité.
Mais il se drogue! C’est grave!
Va t-il si mal que ça? Je n’ai pourtant rien remarqué de particulier…
Le problème de découvrir quelque chose qu’on n’aurait pas dû est toujours gênant. Effectivement comment aborder la question quand on n’est pas sensé savoir et sans que son enfant ne se sente piégé ni trahi dans son intimité et la confiance que l’enfant ou l’adolescent confère à ses parents pour le respect de sa chambre. Le problème est que le découverte n’est pourtant pas anodine et ne peux rester sous silence.
Il va falloir aborder le sujet avec son enfant, son adolescent, tout en marchant sur des œufs…
Ce qui étonne souvent les parents est qu’ils n’avaient pas imaginé leur enfant, leur adolescent capable de consommer des produits illicites, que ce soit de la drogue ou même de l’alcool. Pas de signes psychologiques avant-coureurs, pas de signes de mal-être, pas de problèmes de fréquentation « douteuse », hormis un look auquel ils n’adhèrent pas, rien ne laissait envisager et présager une telle chose.
La culpabilité les envahit souvent : le problème est qu’ils n’ont pas su le deviner, se disent-ils, ni même l’anticiper (mais comment aborder avec son enfant ou son adolescent un sujet qu’on souhaite occulter de peur de mettre des idées dans l’esprit de nos chérubins). Ils n’ont pas su repérer la souffrance et les problèmes psychologiques de leur enfant de leur adolescent. Ils ne l’ont pas vu grandir. Ils n’ont pas su protéger leur enfant.
Ce que les adultes voient comme une consommation déviante et signe de mal-être psychologique, les adolescents, eux, le perçoivent comme une expérience, une découverte psychologique d’eux-même, une façon d’affronter leurs limites, de jouer (et déjouer) avec les interdits et les problèmes de risques, au regard de la psychologie une manière de s’intégrer à un groupe de pairs en créant une identité commune au travers d’une consommation qui les démarquera des autres adolescents mais essentiellement des adultes.
Fumer du cannabis, bien que répréhensible tant par la loi que par l’autorité parentale, n’est pas toujours associé à une psychologie de la dépression ou autres signes de souffrance psychologique. Ce sera d’ailleurs peut-être la démarche que les parents auront à faire, à savoir tenter de déterminer si leur enfant ou leur adolescent est en souffrance ou pas, en difficulté ou pas.
Le conseil du psychologue
Bien évidemment, un rappel des interdits et de la loi semblera aussi nécessaire pour l’enfant ou l’adolescent, tout comme la reformulation de ce que les parents tolèrent ou pas sous leur toit, sachant qu’en cautionnant le problème d’une consommation (ou en fermant les yeux), non seulement ils se rendent tout autant responsables d’un problème de délit mais également ils cautionnent alors une pratique illégale de leur enfant. De cette façon, le problème est qu’ils n’aident pas leur enfant à se différencier des adultes (ce qu’il cherche avant tout) et problème celui-ci devra alors trouver un autre mode de différenciation (qui peut être encore plus dangereux que le premier).
Un parent en difficulté avec son enfant ou son adolescent peut demander de l’aide auprès de services spécialisés comme les Point-Ecoute, lieu de consultation et d’écoute anonyme et gratuit où des spécialistes seront à même d’accompagner les parents (et au besoin les adolescents) et les aider à se positionner dans la relation avec leur enfant. L’important est avant tout de ne pas rester seul dans ce genre de situation, en parler, afin de prendre le recul nécessaire à la compréhension du problème.
De plus, ce qui semble essentiel dans ce type de difficulté est de ne pas couper le lien et d’essayer de maintenir au maximum le dialogue avec son enfant.
On peut parler avec lui d’une pratique qu’on ne cautionne pas, et aider son adolescent à l’arrêter petit à petit, et en tout cas interdire formellement la détention de cannabis sur lui et sous le toit familial car bien évidemment, personne n’est sensé méconnaître la loi, et ceci est répréhensible par la loi.
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