En France, environ 700 000 personnes résident en maison de retraite. L’entrée en établissement constitue une étape décisive, un tournant, dans le parcours de vie d’une personne âgée.
Selon la Fédération hospitalière de France, 87 % des personnes âgées de plus de 60 ans ne souhaitent pas aller en maison de retraite. Ce lieu reste associé à la fin de vie, à la maladie et au handicap, alors qu’il s’agit d’un lieu de vie.
L’entrée en établissement est généralement préconisée soit par le médecin traitant, soit par le médecin de l’hôpital, suite à une fracture du col du fémur , un AVC (accident vasculaire cérébral), ou de toute autre pathologie provoquant une baisse d’autonomie et rendant difficile le maintien à domicile. La plupart du temps, elle se fait donc en urgence.
L’avis du psychologue
Les personnes âgées acceptent souvent l’entrée en institution pour ne pas être une « charge » pour leur famille, pour rassurer leur proche. Rares sont les personnes qui prennent elles-mêmes la décision d’entrer en établissement d’hébergement en prévision d’une éventuelle perte d’autonomie. Que les personnes aient pris ou non elles-mêmes la décision, cette entrée constitue bien souvent une transition brutale, car elles doivent faire le deuil d’un logement familier pour intégrer et s’adapter à un nouvel environnement. Elles doivent donc abandonner leur domicile et leur mode de vie antérieur. Elles éprouvent beaucoup de craintes et de doutes face à cette situation. Le résident peut avoir peur de devenir spectateur de sa vie et surtout d’être abandonné. Il peut avoir l’impression de passer d’une vie où il a le choix, où il est acteur, à une vie où tout est réglé par le bon vouloir des autres.
La vie en communauté impose certaines règles. La cohabitation avec d’autres personnes peut s’avérer pénible. Certains peuvent éprouver des difficultés à côtoyer des personnes dégradées, handicapées ou démentes.
Après un période d’adaptation, des repères et des habitudes se construisent, des liens peuvent se tisser entre les résidents. La maison de retraite permet d’accéder à un certain confort, de participer à des activités et pour certains de briser un important sentiment de solitude.
Le résident peut alors commencer à investir ce nouveau lieu de vie. Cette étape nécessite un temps d’écoute et de soutien afin que la personne puisse construire un nouvel équilibre. Le personnel soignant est présent pour faciliter l’adaptation et construire un projet de vie avec la personne. Ce projet de vie consiste à personnaliser la prise en charge, à respecter au maximum les habitudes de vie de la personne et à favoriser le maintien de son autonomie dans le but d’améliorer son bien-être physique et psychologique.
L’institution apporte une sorte de confort matériel pour le malade et son entourage. Le résident bénéficie de tous les soins qui lui sont nécessaires. De son coté, l’entourage est rassuré par l’encadrement d’un personnel soignant jour et nuit.
Nécéssité et culpabilité
Les enfants ou petits-enfants se sentent coupable de rechercher l’appui des institutions car cette recherche peut être interprétée comme un désengagement, une volonté d’être soulagé.
Certaines enfants et petits-enfants ont fait leur possible pour accompagner leur proche à domicile et peuvent avoir l’impression d’avoir échoué et de confier le problème à quelqu’un d’autre. Elles se sentent parfois exclues des soins et disqualifiée.
Elles doivent accepter le problème de se faire aider, et de faire confiance aux soignants. Le problème du sentiment de culpabilité est d’autant plus important que la décision de placement est parfois prise sans le consentement de la personne âgée. Les proches ( enfants et petits-enfants) évoquent souvent la promesse qu’ils ont faite à la personne de s’en occuper jusqu’au bout. Ils ont l’impression de trahir cette promesse en se faisant aider. De plus, le problème de l’adaptation du résident est également source de culpabilité qu’elle se passe bien ou qu’elle soit difficile.
Face à l’aggravation des troubles, les enfants et petits-enfants éprouvent un écrasant sentiment de culpabilité et sur le plan psychologique une perte de confiance dans les compétences de l’institution. A l’inverse, d’autres résidents peuvent aller mieux car l’institution offre un environnement sécurisant. Face à cette amélioration, les enfants et petits-enfants peuvent avoir le problème de la fausse impression qu’elle ne faisait pas comme il fallait à domicile et que des personnes étrangères s’occupent mieux de leur parent.
L’équipe soignante doit faire en sorte que les enfants et petits-enfants se sentent intégrés à la vie de l’institution et trouvent une place. Il est nécessaire de favoriser le maintien des liens familiaux, de faciliter la participation des familles et de les intégrer dans les projets de soins. Une communication et une relation de collaboration doivent se créer entre les proches et les soignants.
Le conseil du psychologue
L’entrée en maison de retraite constitue souvent un problème, une étape difficile dans la vie de la personne âgée. Cette décision est souvent prise en très peu de temps, alors qu’un rythme plus lent serait adapté. Il est important que la personne âgée et son entourage (enfants et petits-enfants) puissent s’inscrire dans une démarche d’anticipation en s’informant sur les différentes possibilités.
Avant d’envisager une entrée en institution, des solutions intermédiaires au problème peuvent être mises en place, comme par exemple, la télé assistance, les services de soins et/ou d’aide à domicile, l’accueil de jour, l’hébergement en résidences services, en foyers logements, en famille d’accueil… Ensuite, quand la situation évolue, il est primordial que la personne âgée puisse être associée à la décision et impliquée dans le choix de son établissement d’accueil. L’idéal serait de pouvoir faire précéder le problème d’entrée par des temps d’accueil temporaire.
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