La jeunesse est devenue une valeur autour de laquelle notre société de consommation se construit et se développe. Les adultes ne sont plus à leur place, à savoir ils sont dans l’identification à l’adolescent (ex. mère qui s’habille comme sa fille ) et n’ont plus le recul nécessaire.
De plus les parents sont tellement dans la quête de l’amour de leurs enfants qu’ils sont prêts à donner beaucoup en échange. Or, l’ado n’a pas besoin qu’on lui donne, il a besoin d’apprendre à négocier.
NB : retombées de mai 68 où les valeurs sont le plaisir immédiat, la primauté du désir et l’absence de durée (donc de limite).
Une crise qui vient télescoper les autres
Ce qu’il faut noter c’est que la crise d’adolescence des enfants vient télescoper les différentes crises psychologiques auxquelles sont confrontés les adultes ( crise de la quarantaine, crise dans le couple, dans la vie professionnelle, de la retraite…).
- D’autres modes de différenciation mis en place par les ados:
à travers le langage : spécifique à l’ado et compris que par eux (ex. le verlan, les SMS, les codes, les néologismes, voire aussi l’absence de langage). - à travers la consommation de cannabis, pour ne plus penser ( ce sont pour l’ado les adultes qui pensent ) et réduire l’importance psychologique des problèmes liés aux affects.
- à travers les conduites à risque : l’ado cherche avant tout des limites corporelles ( goût de la vitesse, défier les lois d’apesanteur dans les sports de glisse, sexualité à risque…).
La puberté a si vite transformé son corps d’enfant que l’ado n’arrive pas à intégrer les changements, comme si la pensée n’arrivait plus à suivre les nouveaux désirs et la nouvelle image de soi.
D’un côté, il va chercher à dompter ce corps ( limites trouvées dans les tatouages, les percings, les scarifications…), de l’autre il va lui laisser toute une liberté hors limite et ce, souvent au détriment de la liberté des autres ( sexualité où l’autre est objet de soumission ).
Des questions qui se posent
Les adolescents nous questionnent sur la place de chacun dans la famille dans le couple mais aussi dans la société. C’est la question du problème de la distance à trouver dans la relation, ni trop près de l’ado ( dangerosité des parents-copains ), ni trop loin de l’ado ( ce qui pourrait être pris comme une forme de mépris, voire d’abandon).
En éclairage par la psychologie, cette période d’entre deux se dépasse par les deuils que l’ado aura à faire pour s’approprier ces problèmes de changements et accepter cette nouvelle réalité. La souffrance psychologique est une étape obligatoire du développement psychique.
NB : société où on n’a pas le droit d’aller mal, on n’accepte pas cette souffrance psychologique qui est pourtant un passage obligé ( la souffrance fait peur).
Cette souffrance psychique se manifeste chez l’ado par une sorte de déprime. Cette déprime, ce n’est pas ne plus souffrir, c’est vouloir accepter l’inacceptable. Ce que l’ado ne pourra dire avec des mots, il l’exprimera avec des maux plus ou moins manifestes et violents.
Plus on a été un enfant heureux, plus c’est dur de grandir et de vivre son adolescence car cela nécessite un grand renoncement de tout ce que l’enfant a imaginé, pour que l’ado puisse se confronter à une nouvelle réalité et l’accepter.
Le rôle des parents dans cette crise
Le rôle des adultes est donc de:
- Marquer la différence générationnelle avec l’ado ( et assumer cette différence )
- Etre différent des ados pour leur montrer un modèle auquel ils vont pouvoir s’opposer pour se différencier ( si on est comme eux, ils ne peuvent pas).
- Transmettre les règles et lois sociales, ceci à travers les interdits pour marquer des limites (toujours pour que l’ado puisse s’y confronter ).
- L’obligation d’être présent, c’est à dire ne pas laisser l’ado seul dans ces crises et réagir face à ce qu’il vit, lui montrer que l’adulte aussi à des émotions, des ressentis et que c’est normal!
En faisant croire aux ados que les adultes n’ont pas d’affects, c’est leur renvoyer l’idée que les émotions sont un problème, sont anormales et angoissantes ; alors que cette émergence psychologique d’affects dont ils ne savent que faire, c’est ce qui les caractérise nos ados.
Une crise inhérente à l’adolescence
Il n’y a pas d’adolescence sans crise, tout comme il n’y a pas d’adolescence sans risque. Le risque est une valeur sûre pour l’ado car ce qui est risqué n’est pas acquis mais à conquérir, à gagner sur le monde des adultes. Se risquer à, pour l’ado c’est oser abandonner les certitudes de l’enfance. Pour l’ado le risque peut être vécu comme le juste prix à payer pour changer tel un rite initiatique – en référence à notre société où il n’y a plus de rite de passage, ils se sont trouvés leurs propres rites – ex. sécher les cours, fumer du cannabis, casser une voiture, voler dans les magasins…
Pour les adultes, ses conduites sont vécues comme une provocation, un problème de sabotage de l’éducation ( « pourquoi il me fait ça ?»).
Un ado qui n’a aucune conduite à risque est un ado qui renonce ou qui ne ressent pas le besoin gagner de nouveaux territoires, qui reste dans un espace balisé et connu. ( à l’inverse un excès de conduites à risque est l’expression de passages à l’acte pouvant être une menace pour la vie)
Quand l’adolescence se termine ? peut-être jamais, et cela est souhaitable pour les capacités d’innovation, de révolte et de changements d’attitude et de pensée que l’adolescence apporte. D’un autre côté, c’est quand même une période de crise qui nécessite beaucoup d’énergie psychologique et donc un besoin de plus de sérénité. Ne pas sortir de l’adolescence renvoie l’hypothèse d’un refus de la réalité et de son autonomie ( ex. Tanguy ).
Selon une étude sociologique, ce qui peut signer la sortie de l’adolescence, c’est l’achat d’un lave-linge, symbole de l’autonomie et de l’indépendance quant à l’entretien de « ses petites affaires ».
A noter quand même que 90 % des adolescents vont bien!
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